Photographes pro débutants : Soyez vous-même, photographiez avec vos sens, partez légers !



Lors de mes stages et workshops, je croise souvent d'autres photographes : débutants, amateurs, passionnés ou futurs professionnels et qui font majoritairement un superbe travail.

Je suis souvent surpris par la pression que j'entrevois dans leur prise de vue traduite par des déclenchements frénétiques, un équipement lourd, un état de stress apparent et les interrogations dont ils me font part.

L'enthousiasme et la passion y sont certainement pour beaucoup et il suffit que l'un déclenche beaucoup pour que les autres suivent ...

L'envie de ne pas louper "le cliché" en est peut être aussi une cause.

Les conseils qui suivent leur sont dédiés.



Ne perdez pas le fil en 5 conseils :


•1 / Persévérez, expérimentez, testez ... sans complexe 


SOYEZ-VOUS MEME, persévérez, expérimentez des points de vue différents et produisez des photographies avec votre regard et votre sensibilité. 

Votre vision photographique évoluera naturellement et votre "patte" finira par ce marquer.

Poursuivez avec pugnacité VOTRE chemin, travaillez chaque jour suivant VOS convictions photographiques, défendez les, mettez en place les outils de sensibilité dont vous aurez besoin demain ... 

Tissez la naissance de votre réseau futur et NE LACHEZ PAS VOTRE VOIE pour tomber dans la "patte" d'un autre.

Pour les amateurs, présentez votre travail photographique, il est là pour celà et si vous voulez un avis réel, ne le demandez pas à votre entourage ... 

Participez à des ateliers rencontre, des workshops, inscrivez vous sur des forums et ... faites des rencontres !

Faites appel aux livres et documentations pour faire évoluer votre technique, tentez des approches sujet différentes ...



•2 / Prenez votre temps 

Vos photographies sont beaucoup !

Elles représentent à la fois un temps qui s'écoule et témoignent d'une époque, d'une façon de vivre, d'un évènement mais elles sont aussi une part d'âme.

L'âme de votre sujet, l'émotion d'une scène, mais aussi votre âme, votre regard... pour vos clients ou spectateurs de vos photographies c'est un souvenir de rêve, une vitrine, un potentiel majeur, un moment de vie.

Il est difficile de marier à la fois ses propres sentiments et d'assurer le rendu objectif d'un instant pour le partager tout en gardant son authenticité.

Ces "mariages" necessaires dans l'acte de prise de vue, pour "repérer" le moment fort et sensationnel mais aussi pour "capter le reflet objectif" d'une information, ne sont pas toujours synchrones. 

Parfois le sensationnel n'est pas le reflet d'un ensemble, cette difficulté d'objectivité est souvent source de stress pour le photographe débutant qu'il s'agisse du début global de son activité, ou du début d'une activité à laquelle il n'est pas nécessairement rôdé.

Exercez vous à montrer le vrai et le message que vous voulez transmettre sans tomber dans le hors sujet ou la distraction d'un instant qui ne serait pas la représentation d'un ensemble.

La photographie peut parfois être douloureuse, difficile.

Bien souvent lorsque l'on démarre dans une activité, on a tendance à ce ruer sur l'image, à vouloir tout prendre, tout conserver, tout photographier pour obtenir cette certitude de ne rien louper et de ramener " L'IMAGE ".

Ramener l'image, ce n'est pas ramener TOUTES les images :

• 600 photographies de spectacle en une heure, c'est 10 clics par minute, 1 clic toutes les 6 secondes !

- 1/ Avec humour : Prenez une caméra vidéo ce sera plus simple ...

- 2/ Imaginez vous spectateur avec un photographe à vos côtés et pendant une heure ... "Clic" - "Clic" - "Clic" - ...

- 3/ Vous allez trier, traiter et envoyer seulement 30 % de ces images, soit environ 4 heures de travail pour 180 clichés : 180 clichés sur une heure c'est encore 3 clichés par minute, 1 cliché toutes les 20 secondes, c'est mieux mais encore trop ...

• En ressortant vous n'aurez aucune analyse, aucune préhension, aucun aperçu de ce que vous avez pris, autrement dit une perte sèche de sensibilité

• Votre matériel n'est pas éternel et il est couteux ... c'est "égoiste" mais êtes vous bien dans le cadre d'équilibre du niveau d'usure induit ?

• Avez-vous bien préparé votre prise de vue en final ?

Quelques réponses :

PHOTOGRAPHES, DE TOUS HORIZONS : PRENEZ VOTRE TEMPS !

• Vous avez le temps ! largement le temps ! relativisez ! 

En une heure si je prends l'exemple d'un spectacle, si vous faites 120 images c'est une image toute les 30 secondes !!! c'est déjà beaucoup non ?


De manière générale dans tout type de photographie :

- Pensez votre sujet en amont, observez, tournez autour ... préparez votre reglage "de base"

- Profitez de la scène ! REGARDEZ LA ! IMMERGEZ VOUS DEDANS EN ETANT AUX AGUETS, RESSENTEZ avec ANALYSE :

-> Analyse de la situation

-> Analyse du sujet

-> Analyse de vos sens

-> Le moment fort : en regardant la scène vous le verrez arriver alors que dans l'oeil de votre appareil, vous ne verrez rien. 

-> Concevez, réfléchissez et ressentez votre image plutôt que d'en rapporter des tonnes et de pêcher dedans ce qu'il y a de "potable"

• En prenant ce temps du recul et de la réflexion, vous partagerez bien plus en 20 photographies parfaites qu'en 150 extraites d'un lot de 600 souvent mal exposées (surex en HL..., rendu des Leds, textures, etc ), mal équilibrées ...

• Une photographie, ça ce choisi, ça ce construit, ça ce ressent ... c'est un instant, pas Tous les instants ... sinon celà s'appelle ... UN FiLM ... ;-)


•3 / Faites appel à vos SENS 

On ne peut pas tout être dans sa vie ... 

Utilisez vos sens pour passer à l'excellence du regard sur votre sujet.

Cette honnêteté et cette authenticité avec vous-même sera le meilleur point de départ pour partager une photographie marquée par votre style.

A quoi bon démarrer votre activité par du portrait si ce n'est pas le regard de l'autre qui vous fait vibrer ? sa dynamique ? son énergie ?

Cela a l'air d'une évidence, mais écoutez votre sensibilité au fond de vous même et interrogez vous sur vos ressentis. 

Nous ne disposons pas tous de la même sensibilité et surtout elle n'est pas toujours orientée vers les mêmes sujets.

Certains seront plus sensibles à des paysages, d'autres à des regards, un troisième sera ému par une actualité.

Un confrère sera plus épanoui sur la mise en scène, un autre excellera dans l'actualité, un troisième sera extrêmement fin sur les paysages, encore un sur l'animalier ou le spectacle ...

Démarrez votre activité dans l'orientation qui vous offre le plus de potentiel sensible.

Ce qui ne veut pas dire que vous ne pratiquerez que celà ou que vous vous enfermerez.

Vous évoluerez plus vite et avec plus de plaisir en éduquant votre regard, votre manière d'aborder une photographie, un cadre, une scène et tout ce qui constitue l'image à partir d'une première fondation stable que vous ressentez le mieux, de manière naturelle.

Vous vous épanouirez alors dans d'autres domaines avec curiosité, aisance, sachant ou aller puiser en vous même la sensibilité utile.

J'ai pour exemple lors de mon apprentissage toujours été plus sensible à l'humain qu'aux paysages (ce qui ne veut pas dire que je ne pratique pas le paysage et n'y soit pas attaché). 

A l'humain dans son "cadre" représentatif d'une part et d'autre part dans sa sensibilité. 

Il était bien plus naturel de développer mon apprentissage dans le domaine de l'humain que de me réaliser dans la photographie sous-marine que j'apprécie mais pour laquelle je n'ai pas de sensibilité ni de vocation.

J'irais même plus loin en disant que si dans le cadre d'un spectacle, la performance d'artiste, sa sensibilité dans sa représentation et le chalenge d'évoluer toujours plus vers une image d'excellence à l'équilibre parfait me motive quotidiennement, je n'ai jamais eu pour idée de me dire " et tiens, si j'allais photographier un poisson " ( c'est peut-être une piste qui s'ouvre à moi en écrivant ces lignes ! ).

Celà constitue un premier point de départ à mon avis solide et qui ce ressentira photographiquement.

Comme je l'évoquais, il ne signifie pas que vous ne ferez "que du paysage", mais que cette matière vous donnera le meilleur point de départ pour vous réaliser et poser vos bases, aidé par un domaine sensible qui vous émerveille et dans lequel vous allez vous réaliser.

Vous serez bien entendu complet et vous excellerez sans aucun doute dans plusieurs domaines, il n'y a pas de limite à la sensibilité ! on peut tout à fait être sensible aux individus ( portraits ), aux paysages, aux animaux ... j'ai moi même plusieurs amours à la corde de mon arc.

Mon propos n'est donc pas de dire que le photographe ce cantonnera dans la facilité de l'exercice du sujet pour lequel au fond de lui il a le plus de sensibilité, mais qu'il s'y réalisera sans doute plus rapidement et facilement puisqu'en accord avec ses sens ...


Mon conseil : ne cherchez pas le style "qui marche", "en vogue" ou "tendance" que tout le monde pratique, suivez honnêtement votre sensibilité et laissez la marquer votre photographie. 



•4 / La Technique comme outil, pas comme finalité

Je ne développerais pas de sujet spécifique sur la technique, j'ai vu des photographes exceller uniquement par leur regard et leur sensibilité à la prise de vue, sans rien maitriser ... c'est ce qu'on appelle un don !

Il y 'a d'un côté le talent et de l'autre le labeur ...

Malgré tout, que l'on ai un don ou pas, que l'on ai des sens très élevés ou pas, la technique viendra vous apporter ce service de mettre à votre disposition le potentiel de réaliser la photographie telle que vous souhaitiez qu'elle soit en vous servant tant d'appui que de bouée de sauvetage: la technique est un outil indispensable à la réalisation.

Dans des circonstances ou l'inspiration ne serait pas au rendez-vous, en tant que professionnel de choix, votre technique vous permettra de produire les images attendues.

Elle n'est pas l'art dans son sens d'inspiration divine mais n'est pas négligeable ...

Sans cette maîtrise parfaite des outils, il sera difficile instinctivement d'arriver à une photographie d'excellence. 

D'un côté la photographie qui ce présente, de l'autre celle que l'on construit.

La technique est d'intérêt certain et indispensable, permettant d'appréhender toute la "machinerie" et d'en être le pilote, d'être confiant et maître sur son terrain. 

Elle ne fait pas pour autant la subtilité d'un instant et le savoir le saisir : il faut aussi ressentir les éléments.

Assimiler cette dernière pour arriver à ce moment ou les outils deviennent le simple prolongement de vous même et ou vous les maitrisez par instinct sera un atout solide.

Je peux évoquer un exemple simple pour illustrer ce message que je veux faire passer :

Lorsque j'ai démarré en photographie de spectacle, ma sensibilité m'a aidée à interpreter l'instant et à réussir à capturer ce moment précis qui rend l'artiste si différent.

J'utilisais sur mon appareil la technique apprise pour idéaliser mon cadre, gérer mes hautes et basses lumières.

J'avais les deux aspects de la scène en tête en permanence de manière séparée : La technique à employer et la sensibilité à faire vibrer, avec parfois quelques encombrements, l'analyse partagée alternativement entre : "Le bon moment sensible" et "le bon réglage".

Après plusieurs années de pratique, comme d'ailleurs en studio, dans la rue ou autre photographie, je n'y pense même plus : à ce point que je ne sais même pas dire quel réglage j'ai effectué tant il s'effectue de manière fluide, intégré au "mouvement photographique".

J'ai effectivement reglé, mais dans un flux tel de prise de vue que la méthode employée c'est confondue totalement avec ma sensibilité, l'instant de la scène, sa capture.

Mon conseil : Maîtrisez la technique jusqu'au point de l'oublier au profit de votre sensibilité. Une fois ce stade atteint, laissez là à jamais à l'arrière plan, elle n'est pas un aboutissement photographique mais un moyen.

Mon matériel fait aussi parti de l'ensemble et est corps du processus de prise de vue : Scène, Recherche, Regard, Sensibilité, Technique, Matériel ...



•5 / Le Matériel

J'ai déjà décris dans plusieurs articles ou en était mon équilibre sur le sujet du matériel ... inutile d'en remettre une couche...

On a vécu une période magnifique à l'ère argentique ( qui est loin d'être morte ! ) avec des évolutions phénoménales pour arriver à un point d'équilibre ou l'on "savait" les limites précises des outils, où l'on pouvait emmener notre matériel dont on connaissait les "lignes rouges" globales et peu importe le boitier et les "yeux fermés"...

Le numérique c'est un bébé ... un bébé qui a du grandir, qui est né sans savoir marcher, qui a appris, qui est encore jeune ... mais qui commence à atteindre un certain équilibre.

Le numérique passe aujourd'hui d'une époque ou les progrès s'inscrivaient ( ils s'y inscrivent toujours ) dans une montée de gamme matériel nécessaire à un temps ou les appareils sont stables : tous sont capables de performances élevées aujourd'hui.

Autant à l'époque "stable" de l'argentique, on travaillait d'un boitier à l'autre ou d'un format à l'autre avec cette maitrise de l'outil pour lequel on avait la connaissance parfaite, autant en numérique on a subit une période ou pour pouvoir aller plus loin, il fallait y aller à coup de matériel toujours plus moderne, toujours plus gros, toujours plus couteux ...

C'est typiquement cette période ou si pour des besoins techniques il vous fallait travailler "propre" à 3200 isos, il n'y avait d'autre issue que d'imposants boitiers FF, les autres produits ne proposants des images "propres" qu'à des seuils bien moindres.

Je pense aujourd'hui qu'on dispose enfin de systèmes globalement "stables" et que dans des "normes" d'usage déjà élevées, il n'y a plus de "mauvais capteur" ou de mauvais appareils. 

Les performances sont là, à tous les niveaux, pour servir une image "propre".

La question du rendu, de la prise en main, d'être à l'aise avec son outil sera donc fonction de la préhension de chacun.

Pour ma part je me suis largement exprimé et puisque c'est du domaine du possible aujourd'hui, je préfère un équipement qui me rende ce plaisir particulier de photographier que j'ai avec l'argentique via le système X de Fuji qui en est tellement proche, précision maximale ( pas de loupé AF ! ) et qualité d'image d'excellence ( cf mes autres articles ).

Un matériel léger, fiable, à l'encombrement parfait et qui me libère des contraintes !

Coté optique, généralement les écarts demeurent marqués entre une optique dite "de base" et une optique de qualité professionnelle, certains fabricants sont excellents à tous les niveaux ( c'est aussi pour celà que j'ai choisi mon système actuel ).

Je ne reviens donc pas plus sur ce point, vous connaissez ma position tranchée puisque pour ma part j'ai trouvé ce qui représente le meilleur des deux mondes : Des appareils "traditionnels" qui sont un bonheur à utiliser avec une technologie moderne dont le niveau est très élevé, des optiques d'une précision redoutable.

A vous de trouver le matériel qui correspondra à votre main, sans effet de mode ou de ce dire : c'est tendance d'avoir le dernier blablabla ... ça fait pro d'avoir un boitier de 3 Kilos ...

Il n'y a pas de complexe à avoir et seules vos images marqueront la différence d'un Pro.




• CONCLUSION


Soyez vous-même, avec votre sensibilité. N'écoutez pas les "marchands de bons conseils" et équipez vous avec les outils et les techniques qui vous correspondent sans chercher à "impressionner avec un matos lourd" ou à affairer avec un style qui ne serait pas le votre et dans lequel vous finiriez par vous sentir à l'étroit ... 

La photographie n'est pas une start-up ou un modèle économique.

Choisissez des voies qui ne vous limiteront pas, exprimez ce que vous êtes en dépit du quand dira-t-on et persévérez.

Ne vous sentez pas frustré par la machine marchande qui veux que l'on aille mal avec un sac de moins de 8 Kg ... 

Pour bien démarrer : Un bon boitier et deux bonnes optiques suffisent quand on sait s'en servir et qu'on a cette sensibilité particulière acquise ou innée.

Le temps est votre allié : produisez ! produisez ! produisez ! ...

Expérimentez des voies, tournez autour de votre sujet, limitez-vous en quantité de prises de vues : Faites moins de photographies, décidez les en amont.

Utilisez le réseau de professionnels établis pour vous guider, ne serait-ce que pour vous donner un avis éclairé sur la qualité de votre travail, des conseils "terrain", utilisez les forums, les clubs, les stages et les workshops.

Retenez que au delà de tout celà, être photographe c'est avant tout une rencontre remplie de curiosité et de volonté de partage.


Si vous débutez et avez besoin de conseils ou que je peux vous apporter une aide en toute modestie, mes portes sont ouvertes et c'est avec plaisir que je réponds via google+ ou mon facebook.

Enfin : Emerveillez-vous ! ;-)


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